Nous voilà alors parti·es vers Erevan, capitale de l'Arménie, pour compléter notre passeport d'un deuxième visa, cette fois-ci pour pouvoir traverser la Russie. Nous prenons un train de nuit direct Tbilissi-Erevan et nous somme un peu stressé·es car c'est la première fois que nous allons devoir trimballer nos vélos dans un train. Il s'avère que nos craintes étaient fondées. Quand nous arrivons bien en avance devant le train nous nous retrouvons face à un mur de contrôleurs qui nous lancent un "velocypet ticket". Nous comprenons alors dans la précipitation que nous devons racheter un ticket plein tarif pour chaque vélo. La surprise n'est pas très agréable et n'étant pas de fin·es négociateur·trices, nous nous exécutons alors. Cette première expérience ne nous rassure pas pour la suite de nos transport de vélos mais bon, nous n'y sommes pas encore. Nos vélos bien installés au chaud avec nous, nous découvrons aussi notre premier train couchettes.
Il faut dire qu'il faut être à l'aise pour partager son intimité avec un wagon entier. C'est les joies de la 3ème classe. Nous ne faisons qu'une petite nuit étant réveillé·es à deux reprises pour les contrôles des frontières. Enfin bref, 7h du matin nous voilà arrivé·es à Erevan, dans le noir. On équipe les vélos et direction l'ambassade de Russie direct.
Ce sera une longue matinée. Nous attendons devant la porte avec un bon nombre de personnes et un gardien enfermé dans sa cahute ne sait que nous dire "visa wait". Nous commençons à nous habituer à devoir faire preuve de patience sans avoir vraiment d'informations plus clair. Nous rentrons finalement dans le bâtiment à 11h30, et là, pas la peine de compter sur une file bien organisée, il faut savoir jouer des coudes. Nous sommes un peu perdu·es et nous nous retrouvons pris·es de cours. Étant les premier·ères arrivé·e devant l'ambassade, nous sommes les dernier·ères à y rentrer. Bon, pas grave, la file avance relativement vite. Seulement une fois au guichet, nous nous rendons compte que nous avons rempli le mauvais papier. Zut ! "Si vous revenez avec le bon papier avant 12h30, je peux vous faire le visa" nous dit le monsieur au guichet. Il est 11h55. Vite ! Nous nous précipitons à l'extérieur, remplissons à la hâte le bon papier en ligne, le faisons imprimer à l'imprimerie à côté de l'ambassade à un prix gracieux (8€ les deux copies recto/verso) et revenons dans l'ambassade. Opération réussie mais pas sans une goutte de sueur. Nous sortons de l'ambassade à 12h30. Maintenant il n'y a plus qu'à attendre la fin de semaine pour venir récupérer notre passeport avec visa. En attendant, nous aurons l'occasion d'être logé·es dans la famille d'une ancienne collègue de Maéli, les Montariol. Après avoir grignoté un petit quelque chose et visité un peu la ville nous allons vers la maison des Montariol pour trouver un peu de repos. Nous sommes accueilli·es par cette famille avec beaucoup de tendresse et d'attention. Ça fait du bien de retrouver le quotidien d'une famille et d'échanger avec eux·elles sur leurs nombreux voyages. Nous profiterons de la semaine pour visiter la capitale et ses alentours. Nous ferons un tour de 2 jours à vélo avec des sacoches allégées et nous constatons que l'hiver est bien là et qu'il fait trop froid pour continuer le vélo. Nous visitons quelques monastères, un temple romain et profitons de magnifiques paysages sur le Mont Ararat. Nous dormons une nuit en bivouac dans un magnifique endroit. Mais comme d'habitude qui dit spot de rêves dit problèmes cachés : il fait très très froid et une meute de chiens aboient à côté de notre tente toute la nuit.
Nous visiterons aussi quelques musés dont le mémorial du génocide arménien qui nous confirme que l'Arménie est héritière d'une histoire difficile et douloureuse. Mais cela n'empêche pas les Arméniens d'être un peuple qui relève la tête et qui investit dans sa jeunesse par le biais de l'éducation. Les jeunes sont très studieux·ses et il semblerait même que les enfants apprennent les échecs à l'école.
Finalement, nous prenons du temps pour nous reposer mais aussi pour sortir et s'aérer avant d'être enfermé·es dans nos multiples transports aux durées interminables. Nous récupérons donc nos visas le vendredi, profitons une dernière journée de la ville et nous rendons au départ de notre bus pour la Russie le dimanche.
Cette fois-ci nous avons bien réglé la question des vélos en avance en payant un petit supplément mais cela n'empêche pas le conducteur de tirer la gueule à la vue de nos vélos.
Mais après un petit atelier démontage de roues, tout rentre comme il faut dans la soute et nous voilà assi·ses dans nos sièges.
Durée annoncée du voyage : 32h, direction : Saratov. Comme nous nous y attendions, c'est long et le bus n'est pas très confortable. Nous passons dans la première nuit les 2 frontières (notre itinéraire traverse la Géorgie avant d'arriver en Russie). Un peu de stress avant le passage de frontière en Russie mais tout se passe bien, si ce n'est la froideur des Russes (en même temps il paraît que si tu souris en Russie on te prend pour un·e idiot·e ou un·e drogué·e). Il y avait un seul autre touriste dans le bus, un Indien, qui n'avait pas de visa et qui a été refoulé à la frontière à 2h du matin, dans une tempête de neige (la frontière est en pleine montagne caucasienne). On a une petite pensée pour lui à chaque frontière maintenant. Après presque 20h de voyage, on sympathise un peu avec d'autres passagers qui nous invitent à un énorme festin pour le petit déjeuner du lundi. Ils resteront très attentionnés pour le reste du voyage, qui s'annonce d'ailleurs un peu plus long que prévu. On gagne une nuit de plus et faisons finalement 42h de trajet. Que du plaisir ! La route en Russie est longue, on s'arrête plusieurs fois pour un contrôle des passeports des hommes (non, on ne sait pas pourquoi que les hommes), une grande pauses déjeuner qui dure au moins 5h (on ne sait pas bien pourquoi), une réparation du bus en milieu de route (du moins ça y ressemble). A la toute première pause, quand on demande au chauffeur combien de temps nous avons, il répond " bip bip " en mimant le klaxon "run !". C'est assez freestyle quoi. Finalement, nous sommes déposé le mardi matin, à 9h, à notre arrêt. Comme il ne fallait pas que les choses soient trop faciles, notre arrêt n'est pas exactement au niveau de notre ville de destination : Saratov. Nous voilà donc sur le bord de l'autoroute à 9h du matin, il fait à peine jour et ça caille !
On remonte les vélos, affronte le froid sur 30 bornes et arrivons finalement à notre hôtel où nous feront une nuit de repos bien méritée. Ouf, arrivé·es, enfin ! Nous nous reposons bien sûr, mais faisons aussi une petite ballade au bord de la Volga pour profiter de l'air frais parce que les transports c'est reparti le lendemain.
Une journée nous aura suffit pour constater que les touristes ne sont pas nombreux en Russie, du moins pas les occidentaux. Tout le monde est surpris de voir des non-russophones. Il faut savoir qu'ici il n'y a ni les réseaux Instagram/Facebook, ni les chaînes comme McDo et compagnie et que les cartes bleues étrangères sont refusées. Enfin bref, on erre, dans la ville, il fait froid, on est en Russie !
Le lendemain, malgré les -5 degrés Maéli part pour un footing au lever de soleil au bord de la Volga tandis que Merlin prépare un bon petit dej, c'est ça le couple moderne !
Puis c'est déjà l'heure de repartir. On croyait le train à 14h en fait il est à 16 donc on a bien le temps de chiller dans la gare de Saratov, très sympathique ma foi. Quand le train est enfin annoncé, on se tape une bonne suée car il faut emmener nos vélos sur le quai, découvrir le train super vieux et étroit, convaincre les contrôleurs que oui oui nos vélos vont bien rentrer, démonter les roues, monter tout à l'intérieur, puis monter toutes les affaires sur le rack à bagages au dessus des lits.
On est en troisième classe, c'est à dire qu'il n'y a pas de chambre et que c'est un dortoir géant et compact. Le train est complet en plus. On est très proches de nos voisins et voisines, qui bien sûr ne parlent pas un mot autre que le russe. C'est parti pour 2 jours et trois nuits de train ! Il fait hyper chaud, on est en short et tee shirt alors que les températures sont négatives à l'extérieur. La première nuit est mouvementée car on passe la frontière avec le Kazakhstan ( mais pourquoi toutes les frontières sont-elles toujours de nuit ??). On a un petit interrogatoire de la part des militaires russes sur le pourquoi du comment de cette expédition. On est les seul·es touristes et les gens ne comprennent pas trop pourquoi on ne prend pas l'avion comme tout le monde ! Côté kazak c'est la même chose et contrairement aux autres passagers on est carrément convoqué·es dans la cabine des contrôleurs. A 2h du matin c'est tout bon et on peut repartir. Sauf que ce qu'on ne savait pas c'est que le train repasse par la Russie au matin et on se fait tirer du lit pour un petit contrôle des passeports (uniquement nous bien sûr) au réveil. Après tous ces binz de frontières on est tranquille jusqu'à la fin, c'est à dire deux jours après. On occupe nos journées en lisant en regardant des films en faisant de la peinture.
Il n'y a pas d'eau froide potable à bord mais il y a un gros distributeur d'eau chaude alors on se prépare de petits plats de type purée nouilles chinoises et semoule. Il n'y a pas de douche non plus donc après trois jours tout le monde pue dans le train c'est assez épique. Aux différentes gares des vendeurs et vendeuses rentrent vendre leur babioles et nourriture aux passagers. C'est comme ça qu'on se retrouve à voir passer des poissons entiers séchés à côté de nous. Sinon le paysage c'est comme on l'imaginait, plat et désertique à l'infini. Ça n'a pas l'air la partie la plus palpitante du monde. Notre voisine nous offre du poulet que Merlin avale goulûment. Nous avons mal aux fesses à force d'être assis·es. Des enfants font leur gamme au violon et je peux vous dire que ce ne sont pas des Mozart. Voilà à quoi ressemblent nos journées.
Samedi matin à 9h on arrive enfin. Le train n'a que 5 min de retard pour plus de 60h de trajet. La SNCF n'a qu'à bien se tenir !
On remonte nos vélos dans la gare et comme d'habitude nous sommes l'attraction. Nous avons jusqu'à 15h avant de retrouver notre hôte alors on en profite pour manger un petit déj, faire quelques emplettes, aller visiter une église et un parc à l'honneur des soviétiques et manger dans une cantine.
On retrouve ensuite Matthew, un Anglais expatrié à Almaty et grand voyageur. Son appartement est immense et nous sommes super bien accueilli·es ! Le soir il nous invite à boire des bières avec ses amis et nous sommes heureux·ses de les rencontrer même si nous sommes super fatigué·es et que nous comprenons parfois rien aux discussions.
Le lendemain on part en expédition pour aller voir un lac à 2500 m d'altitude. La montée est sympa mais il fait de plus en plus froid. On pique nique dans un endroit au bord de la route avec mille personnes et plein de restaurants : c'est l'entrée du parc national. On repart frigorifié·es et il s'avère que la route est fermée à cause de la neige 1 km plus loin. Il est 14h et on a pas le temps de monter à pied ce qu'il reste.. . Dépité·es, on ne se laisse pas abattre et on redescend un peu et on part en rando vers des cascades. On est en pleine face nord, il fait froid et il y a de la neige mais malgré le monde les premiers 500m, il n'y a plus personne après car les gens ont abandonné de marcher sur la glace avec leurs petites baskets.
En tous cas ça nous a permis de prendre l'air et ça fait du bien. Le lendemain nous faisons une activité typique : nous allons dans les bains publics. 5€ l'heure, c'est très accessible et c'est du coup très mixte. Les femmes et les hommes sont séparés et tout le monde est nu. Les gens viennent ici se détendre et aussi se laver de fond en comble. On découvre le bain russe : c'est comme un hammam, chaud et humide mais en plus il faut prendre des branches de sauge et se fouetter le corps. Du côté des femmes il y a carrément une dame qui s'occupe de ça . Bonnet URSS sur la tête, elle rentre en criant dans le bain, si tu réponds oui elle vient avec ses branches et te frappe tout le corps. Après tu sors et tu tires sur une corde qui renverse un seau d'eau glacée sur ta tête. Bref une expérience originale!
Le soir on va voir un match de hockey de l'équipe d'almaty avec notre hôte et une de ses amies. C'est marrant de se retrouver à crier DAVAI DAVAI avec les autres même si "notre" équipe perd finalement au grand dam de Matthew, un vrai fan.
Enfin pour notre dernière journée à Almaty il fait grand soleil et on craque un peu : direction Shymbulak, la station de ski juste à côté de la ville !
C'est une station très chic et dans laquelle on loue tout, skis bâtons casque pantalon gants lunettes. Il n'y a pas beaucoup de neige du coup seul le haut à 3200 est ouvert mais ça nous fait quand même du bien de prendre le soleil, de glisser et de regarder les kazakhs, pour la plupart débutants, chuter à tout va.
Les inscriptions sur les télésièges sont écrites en français italien anglais allemand donc on en déduit que c'est une station suisse qui a du revendre ses remontées au Kazakhstan. Toute la journée on profite du ski en se disant, " aujourd'hui on skie au Kazakhstan, demain on est en chine!". Et oui, après 4 jours de pause dans la sympathique ville d'almaty nous voilà reparti·es pour un périple de bus et de train direction la Chine !
C’est vraiment cool d’avoir une « petite » histoire de chaque pays traversé. Comme une série pour laquelle on attend le prochain épisode avec impatience... 😶🙃 Mais notre impatience est surement moins forte que la patience que vous avez eue dans ces interminables transports 🙄👣.... Continuez à nous émerveiller😍😍😍 ! BRAVO !