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Toute bonne chose a une fin, même le Mékong ...

  • maeliboss
  • 23 mars 2024
  • 12 min de lecture

Nous voilà parti·es pour notre dernière ligne droite vers Ho Chi Minh Ville en passant par le delta du Mékong. Dans notre tête, cette dernière partie nous parait hyper simple. On retourne en terre connue (le Vietnam), on a beaucoup de temps pour une petite distance et il paraît que l’ambiance et les paysages sont très cools par là où on va. Vous verrez par la suite que ce dernier épisode à vélo nous réserve pas mal de péripéties. On se lance alors depuis Phnom Penh en prévoyant de traverser la frontière en milieu d'après-midi. Route pas très palpitante, en ligne droite pour rejoindre la frontière. Après nos trois mois en Asie du Sud-Est à vélo, on s'est bien habitué·es aux regards surpris des locaux quand on passe dans des endroits peu touristiques, mais aujourd'hui les regards sont plus nombreux et plus insistants que d’habitude. On rencontre quand même un professeur d’anglais à la pause déjeuner qui insiste pour nous faire visiter son école d’anglais dont il est très fier. On discute un peu avec lui puis on reprend la route jusqu'à la zone frontalière (qui est par ailleurs très lugubre avec une bonne dose de casinos). Mais quand on arrive au passage frontière les choses se compliquent. On croise d’abord un policier. Merlin sort les passeports, mais le policier n'est pas intéressé, il agite simplement la main en l'air ce qui veut dire non dans ces pays. On comprend pas bien mais on se dit qu’on continue et qu’on montrera nos passeports plus tard. On arrive devant le pont de la frontière et deux autres policiers nous arrêtent toujours en secouant la main en l’air et en disant “Vietnam no”. On comprend pas bien, et les deux policiers n'ont pas l'air de vouloir perdre leur temps à nous donner plus d’explications. On comprend pas trop non plus parce qu'on voit plusieurs personnes en scooter passer dans un sens et l'autre du pont. On insiste auprès des policiers pour comprendre pourquoi on ne peut pas passer et ils finissent par nous dire que  ce passage frontière n’est pas international, autrement dit, il est réservé aux cambodgiens et vietnamiens. Il nous indique un passage frontière international à 150 km de route. Autant vous dire que là, c’est un coup dur pour l’équipe ! On comprend alors pourquoi les gens étaient si surpris de voir des touristes européens dans cet endroit . On rebrousse chemin un peu sous le choc et on décide de s'arrêter dans un café 2min pour prendre un peu d’internet et voir si nous avons pas d’autre alternative. En fait on s'imaginait pouvoir passer par cette frontière car non loin de là un passage de frontière à bateau sur le Mékong existe pour les touristes. On cherche un peu et finalement on trouve un poste de frontière international à 25km de là, longeant le Mékong pour les touristes faisant la traversée en bateau. On hésite puis on se dit que ça vaut le coup d’essayer d’aller faire tamponner nos passeports et passer la frontière par là bas. Pendant notre recherche on se fait aussi aborder par un autre professeur d’anglais qui nous offre une boisson et qui veut aussi nous emmener voir ces élèves en nous disant que c'est hyper rare de voir des touristes européens par ici. Tu m’étonnes ! On le remercie mais on se voit obligé·es de décliner son invitation car on doit trouver un endroit pour passer la nuit. On trouve un temple non loin de là, endroit idéal pour demander si l’on peut planter la tente. Un moine accepte et nous offre un traditionnel petit cadeau, deux canettes d'energy drinks.

En posant la tente, Maéli remarque que les bâtiments sur le côté ressemblent beaucoup à une école. Merlin la rassure en disant que si le moine nous a proposé cet endroit c'est sans doute que l'école n’est pas utilisée pour le moment et que nous ne devrions pas nous faire réveiller par des enfants au petit matin. Que nenni, c’est bien à 6h du matin qu’arrivent les premier·es petit·es écolier·es pour nous sortir de notre sommeil. C’est un peu un réveil en catastrophe où on s'empresse de faire nos affaires alors que les enfants et enseignant·es sont de plus en plus nombreu·ses à nous observer. Je vous ai dit, on ne manque pas de péripéties sur ces derniers jours vélos. On reprend finalement la route, avec quelques mangues offertes vers ce fameux poste frontière en croisant les doigts pour qu’ils nous acceptent. Après 10km sur la route on tombe face à un nouveau poste frontière mais pas à l'endroit prévu. Un nouveau policier qui agite sa main en l’air et qui nous dit que c’est pas un passage frontière international. Ça on le sais bien, c’est pas par son passage qu’on veut tenter notre chance mais le prochain. Sauf que pour y aller, on est obligé·es de passer par ce premier passage où l’accès nous est refusé. Encore un coup dur. On regarde alors notre carte sous tous les angles et il nous semble apercevoir un contournement de la route en passant au milieu de la cambrousse. Le policier nous indique d'ailleurs ce chemin en disant que par ici on peut contourner son contrôle (plutôt aidant ce policier finalement). On se lance alors sur ce contournement qui est un petit chemin de terre qui suit un canal à travers champs.

C’est le début du delta. Une bonne heure et demi après, on arrive au fameux poste frontière. Et là, miracle ! Il accepte de prendre nos passeports pour les tamponner et passer la frontière ! On s’offre un bon café glacé une fois arrivé·es du côté vietnamien (spécialités de la région) pour relâcher la pression. Revenir au Vietnam nous fait un effet différent par rapport aux autres passages de frontière. On ressent moins de choc culturel mais on retrouve des habitudes qui furent familières. On est pas surpris·es par le bruit incessant ou la proximité des gens, comme ce monsieur du café qui n’hésite pas a mettre la main dans la sacoche Merlin pour observer notre filtre à eau sous tous ces angles. On reprend la route le cœur léger et content·es d'avoir passé la frontière, mais un nouveau problème se pose alors. Tous les endroits pour manger sont fermés. Il semble que ce soit l’heure de la sieste ce qui, on s’en rendra compte plus tard, est sacrée dans cette région du Vietnam. Finalement, une dame et son fils nous offrent un repas qu’elle venait de cuisiner de bon cœur. C’est fou parfois la bonté des gens quand on est voyageur·euse. La suite de la journée se passe sans encombre, si ce n’est qu’on se fait surprendre par le couché du soleil qui est plus tôt que d'habitude (dû au fait qu’on se dirige vers l’est). On trouve alors un spot de bivouac à la dernière minute au bord du Mékong juste face à quelques habitations. Autant vous dire qu’on va créer la fascination de nos voisin·es vietnamien·nes pour la soirée. Tout est spectacle, de notre petite toilette dans le Mékong à notre préparation du repas avec notre réchaud. On se fait encore couvrir de cadeaux (fruits, chips, jus de canne à sucre, d'energy drinks, …). On passe malgré tout une soirée assez amusante avec nos nouveaux ami·es. Il semblerait que nos nezs les fascinent et ils n'arrêtent pas de rire en touchant notre nez puis le leur. On vous l'avait dit, la sphère privée au Vietnam est un peu différente. Le lendemain, on prévoit de rejoindre la ville de Can Tho, qui est une des plus grosses villes du delta et connue pour son marché flottant. On passe par la ville de Sa Déc le midi, elle-même connue pour sa production de fleurs. Pédaler dans le delta du Mékong rentre dans une de nos meilleures expériences à vélo. On suit pleins de canaux différents sur des petites routes bétonnées au milieu d'une végétation luxuriante qui nous couvre du soleil. On fait régulièrement des petites “pauses boissons” dans des cafés meublés parfois d’une dizaine de hamacs.

Le seul petit bémol c’est qu’on prend régulièrement des ferries pour traverser les fleuves et canaux, seulement ils ne sont pas toujours bien indiqués par les cartes ce qui nous oblige à faire quelques petits détours. On passe donc la nuit à Can Tho et on profite d’une nuit dans un vrai lit. On reprend la route le lendemain pour se diriger vers Ho Chi Minh Ville. On passe par le marché flottant le matin qui est déjà quasiment fini a 9h (les vietnamien·nes se lèvent en général vers 5h du matin). On capte quand même l’atmosphère du marché avec les nombreux bateaux qui se baladent les uns vers les autres pour faire leur plein de fruits et légumes.

Dans la journée on se heurte à nouveau vers une ligne de ferry qui n’existe plus avec un monsieur qui agite sa main en l’air pour nous indiquer que le ferry n’existe plus. On fait un petit détour de 5km pour retrouver le nouveau ferry qui n’est pas indiqué sur les cartes. Le soir, on visite un immense temple bouddhiste (qui sont plus rares au Vietnam) plutôt impressionnant.

Le coucher du soleil étant proche, on demande au moine si l'on peut planter la tente à côté. Un premier moine qui semble un peu jeune semble littéralement fuir après qu’on lui a posé la question. On cherche alors celui qui semble être le chef et a peine lui a-t-on fait notre demande qu’il agite sa main en l'air en signe de refus (on commence à être particulièrement irrité par ce geste de la main qui s’accompagne souvent d’interlocuteurs pas très réceptifs). On finit par trouver non loin de là une guesthouse où on nous laisse planter notre tente.

A 5h les coqs chantent encore une fois la nuit a été courte. Normalement on a une journée tranquille mais on a compris que ces jours là facilité n'est pas de notre côté alors c'est bien qu'on soit large. On se dirige vers un ferry, mais quand on arrive au port, ça semble louche, c'est une déchetterie avec des chiens agressifs qui nous courent dessus. Effectivement le ferry n'est plus en marche et il faut aller prendre l'énorme pont 3km avant. A chaque jour son détour, c'est notre nouveau dicton. Sur le pont le vent souffle du tonnerre et le bras est gigantesque !

D'ailleurs on a toujours le vent de face, ça ça ne change jamais ( et ça participe à notre lenteur). Heureusement on s'en sort plutôt bien jusqu'à Ben tre, la capitale des cocotiers où on s'arrête manger et boire deux jus d'orange (et non pas de coco). Il nous reste 20km jusqu'à la homestay qu'on a réservée pour la nuit.

On a lu le guide touristique de cette région et il est conseillé de dormir "chez l'habitant" alors on en a choisi une dont le nom sonnait bien " ecoco" et notée 9,8 sur internet, incroyable ! Et effectivement l'endroit était génial. Au milieu des cocotiers, avec comme partout en Asie du sud est, une famille entière qui tient le business, le grand père, les parents et les deux enfants. Tout est cuisiné maison avec les produits alentours, et chacun·e est invité·e à s'essayer aux techniques vietnamiennes. C'est comme ça qu'on se retrouve à moudre du riz pour en faire du lait pour le dessert du soir.

Le repas est partagé en mode refuge avec tous les autres invités et on se régale de frite de tofu, galettes vietnamiennes, et glace lait de coco/ riz banane. Les shots d'alcool de riz fusent dans tous les sens, ça fait longtemps qu'on n'a pas fait une soirée comme ça. La fatigue a raison de nous et la soirée se termine assez vite de notre côté mais on a le ventre bien plein et l'esprit un peu embrumé. Le lendemain matin, les hauts parleurs municipaux s'activent des 5h30 pour diffuser les news, encore une fois impossible de dormir dans ce pays. Au petit dej, riz rouge a la coco et beignet de banane. Les autres invitées qui voulaient un café coco s'attèlent depuis 2 h pour le réaliser elles memes : couper la coco, la râper puis la presser pour en récupérer le bus. Tout est fait en coco ici, les bols, assiettes, tasses, baguettes. On quitte ce paradis dans la matinée pour une étape encore plus courte et on l'espère qui sera sans embûche cette fois !

Mais c'est un faux espoir. Notre gps, qui fait un peu n'importe quoi dans cette région nous envoie droit sur une route grillagée. On décide de couper à travers un petit chemin pour éviter la grille. Le chemin est plein de cailloux et nos vélos tressaillent. Et la boum! L'anneau de la sacoche de Maéli se casse et s'envole dans la rivière. C'est la première vraie casse en 8 mois. On répare comme on peut avec du fil de fer. On repart. 1km plus loin on se fait arrêter par quelqu'un qui nous dit qu'on ne peut pas continuer. On ne comprend pas comme d'hab le pourquoi du comment mais finalement il nous emmène avec lui sur la route jusqu'à ce qu'on tombe nez à nez avec une grille. Il demande les clés au militaire et nous fait passer. On comprend de l'autre côté qu'on est arrivé·es sans faire exprès dans une zone militaire oups !

Nous qui pensions que ces derniers jours seraient un long fleuve tranquille ! Sinon on continue notre petit bout de chemin au milieu des ponts, ferrys, cafés, canaux, hamacs et cocotiers. On visite aussi des eglises- temples caodaiste, une religion spécifique au sud Vietnam, un mélange entre confucianisme, taoïsme, bouddhisme et christianisme. Sacré programme ! En tous cas leurs églises sont bien chargées et agréables à visiter car il y a plein de détails surprenants.

On arrive là où on voulait bivouaquer et le soleil se couche, c'est une zone industrielle et on croise le fameux panneau " boundary area" qui nous avait déjà porté préjudice dans le nord du Vietnam (pour celleux qui ne se rappellent pas, on avait été délogé·es par la police) alors le stress monte un peu. Finalement on arrive dans une immense zone où il n'y a quasiment pas de maisons (tres très rare au Vietnam où il y a tellement d'habitant·es!) avec des possibilités de bivouacs partout. On se fait déloger du premier par des chiens mais le deuxième est top. On dort ici car il est censé avoir le port duquel on veut prendre un bateau demain, même si on se sait même pas si des bateaux vont à notre destination, et encore moins leurs horaires. C'est une belle nuit de bivouac et on l'a passe sans savoir que c'est notre dernière en Asie du sud-est.

Le lendemain on se pointe au port à 7h45, et la surprise ya un bateau pour notre destination et il part à 8h! Il faut juste passer l'épreuve de la planche, comme les pirates et nous voilà embarqué·es.

Deuxième surprise : on arrive à 9h20! On est tout au bout d'une pointe et on avait prévu de dormir là ce soir pour faire une dernier bivouac face à l'ocean. Mais il est si tôt qu'on va changer nos plans et rejoindre Ho chi minh avec une journée d'avance. Ça nous fait tellement bizarre. On va quand même voir l'océan avec une petite larme à l'oeil et une boule au ventre.

C'est fou. Notre dernier jour de vélo après 8 mois en selle !

Notre dernière route est dans un parc naturel de mangroves et on picnic dans une zone touristique à moitié abandonnée avec un observatoire à 36 m de haut qui tremble avec le vent.


Dernier ferry. Puis 25 km de ville pour rejoindre notre hôtel, pour se rappeler que vraiment faire du vélo dans les villes d'Asie du sud-est c'est horrible et nous voilà ARRIVÉ·ES.

Les derniers jours sont des jours à la fois d'attente du retour et de nostalgie de tout ce qu'on a parcouru. On visite quand même la ville, notamment une visite guidée de 3h. Voici quelques anecdotes sur la ville, entre passé colonial, guerre, influence chinoise et frénésie capitaliste.

Vieux immeubles et gigantesque tour financière. Entre tradition et modernité.

Le quartier chinois, l'un des plus vieux de la ville. Le guide " Les Chinois vivent encore plus entassés que nous, les Vietnamiens".

D'immenses immeubles en construction. Les travaux d'agrandissement de la ville ont repris en 2010 car tout avait été gelé les années précédentes pour mettre à niveau Hanoï, en retard de développement face à sa grande sœur du sud. L

Tiens, quand on parle du loup

Restes de la fête du nouvel an lunaire, le "tet" et touristes. Ne surtout pas parler de " nouvel an chinois" au Vietnam.

Le plus vieux marché de Saigon, des bananes et des cocos et du linge séchant au soleil sur les balcons.

Une des plus vieilles boulangeries. La dame, toujours vivante, tenait son commerce dans la rue dans les années 60. Puis le parti lui a passé ce local. Sympa.

La nouvelle banque vietnamienne mais ancienne banque française pendant la colonisation. On voit encore les lettres dorées et entremêlées "FBC" France Banque Chinoise. On comprend qui ont été les investisseurs et bâtisseurs majeurs de cette ville.

La poste, construite à la francaise pendant la colonisation, ornée d'un grand portrait de "l'oncle Ho" (Ho chi minh pour les non intimes) en fond.

Nous avons aussi visité le musée des vestiges de la guerre. Les photos des personnes touchées par l'agent orange qui a été déversé par les américains sur la campagne vietnamienne sont vraiment très très dures. Une génération , voire deux après, des enfants sont né·es aveugles, avec des troubles moteurs , des membres en moins, des hypertrophies, les centaines d'images qui se succèdent laissent un goût difficiles. On en profite pour tester nos derniers plats. On passe notre dernière soirée avec Thibault et Charlène, rencontré·es un mois plus tôt chez Toom à Bangkok. Ils nous font découvrir des plats qu'on avait encore jamais gouté·es et on passe une soirée culinaire ( boulette de riz frite, bo bun végétarien, "Che" genre de flans de fruits glacés, café salé et quelques bières bien sûr!) et très sympa pour notre dernière soirée en Asie du sud est. Les vélos sont dans les cartons, les affaires rangées, le dernier banh mi acheté, nous sommes pret·es à partir !

Rendez vous pour l'épilogue Paris-Grenoble et merci à tout le monde pour vos lectures, encouragements et félicitations pendant ces 8 mois !

 
 
 

1 Comment


Florence Duvergier
Mar 24, 2024

Impatiente de vous revoir en chair et en os! Une immense admiration pour votre periple


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