Après la côte de la mer noire en Turquie, pédaler le long de celle géorgienne ressemble à des vacances. De vraies plages, de vrais villages et pas une autoroute qui barre le tout. On découvre aussi les joies de pédaler dans ce nouveau pays : sur la route en liberté des vaches, des cochons, des oies, des poules, des chevaux, des dindons( et toujours des chiens bien sûr mais ça on en parle même plus ) .
En se trimballant au milieu de la route, les animaux agissent comme ralentisseurs naturels avec les voitures et c'est pratique pour nous. Première nuit de bivouac en Géorgie sur une plage de sable noir dans une pinède. Deuxième nuit au bord d'une rivière à côté de sources chaudes . C'est un vrai bonheur de se baigner après la journée de pédalage. Les paysages ici sont extrêmement verts et touffus et c'est tellement agréable !
On s'autorise des détours comme le pays n'est pas si grand et qu'on a un peu de temps devant nous. On est comme de vrais touristes mais on se déplace juste à vélo avec toutes nos affaires. On visite le canyon de Martivili où l'on fait une de nos premières rencontres avec un local.
Hop Chacha à 13 h en plein soleil. Le chacha est l'alcool local que tout le monde fabrique maison. On repart abasourdi·es direction des ruines d'un ancien sanatorium de l'URSS. La ville est une ancienne ville thermale et il y a des dizaines d'immenses bâtiments abandonnés très impressionnants.
On finit notre journée à Koutaissi, la deuxième plus grande ville du pays. Hop une journée de repos, la première depuis 10 jours ! La ville est très sympa, on goûte aussi de nouvelles spécialités culinaires, on visite un monastère bref la base dans ce pays.
Ce qu'on mange en Géorgie : beaucoup de pains, natures, fourrés aux patates, au fromage, à l'oeuf, aux haricots rouges, des champignons, des aubergines fourrés aux noix, de la coriandre. C'est top quand on est végétarienne.
On se prévoit un petit weekend en montagne à Mestia, qui est le paradis de la randonnée en Géorgie. Pour y aller : 6h de minibus, deux shots de Chacha enfilés à 9h du mat et un chauffeur qui se croit dans Mario kart. Il n'y a pas de ceinture, la dame à côté de nous fait le signe de croix plusieurs fois, on se demande pourquoi on n'est pas resté·es avec nos vélos. On arrive tant bien que mal dans ce charmant village de montagne et ses nombreuses tours.
C'est très touristique mais comme nous sommes en complète hors saison, la moitié des restaurants sont fermés et il n'y a pas grand monde. Eefje est censée arriver à Mestia le jour même aussi et on lui propose de prendre une bière. On parle respectivement de nos guesthouses et plus la discussion progresse plus on trouve des points communs entre nos hôtes. Finalement on se rend compte qu'on est dans le même endroit ! C'est très drôle et on rentre tous les trois "chez nous" tout content. Le lendemain il fait grand soleil et nous partons pour une bonne rando, ça monte droit dans la pente et nous avalons les 1500m de dénivelé à fond pour arriver à 3000m d'altitude avec de magnifiques vues sur des lacs et sur les immenses sommets enneigés du Caucase.
Le soir on profite d'un petit cinéma trop chouette où ils passent un film qui a été tourné dans la vallée avec des habitant·es et ça nous permet d'en savoir plus sur les traditions d'ici.
Le lendemain c'est reparti pour le minibus, puis on récupère nos vélos, puis on est reparti·es sur la route. On vise de nouvelles sources chaudes pour y passer la soirée. Sur place, quelques camping cars avec des gens très sympathiques et on se jette dans la bassine d'eau bouillante. C'est toujours aussi agréable mais ça sent quand même beaucoup l'oeuf pourri du coup ça donne un peu l'impression de se baigner dans une omelette moisie géante.
Puis la pluie commence à tomber. On mange dans la tente pour la première fois depuis le début du voyage. Le lendemain il pleut. Premier jour de pluie depuis trois mois. Puis après il pleut encore plus fort puis encore plus fort. Pour devenir une vraie tempête. On est obligé·es de s'arrêter trempé·es dans un restaurant où on a du mal à repartir. On craque finalement et on prend une nuit dans une guesthouse pour être au sec.
Première journée de galère. Dans la maison il y a plein de chiens qui ne font qu'aboyer. Puis on essaie de sortir de notre étage et un énorme chien saute sur Maéli pour lui faire un genre de câlin, mais il est tellement gros qu'il la bloque contre le mur, elle ne peut plus bouger, il mord sa doudoune à l'arrière, elle est tétanisée et Merlin qui essaie de crier sur le chien pour qu'il arrête ne fait qu'exciter les autres chiens qui aboient. Super on rentre à notre étage et nous voilà comme prisonnier·es chez nous. On est obligé·es de cuisiner au réchaud sur le balcon super. Le lendemain deuxième journée de galère : on enchaîne les chiens qui nous courent après, les montées à 14% (c'est tres raide avec le chargement), mais surtout le pom-pom ce sont les 30 km de route en terre qui nous attendent à la fin de la journée. Ça grimpe grimpe sur une route pourrie et c'est très très dur. Le jour décline rapidement et on avance tellement doucement. On avait prévu d'atteindre le col et de bivouaquer de l'autre côté mais on se retrouve obligé·es de s'arrêter au bord de la route, à côté d'un énorme pylône électrique et en pleine prise au vent. Il fait très froid ! (N'oublions pas qu'on est en novembre).
Du coup on a 10 km de "retard" sur notre plan du lendemain qui est de pédaler jusqu'à Gori pour manger dans un restaurant qu'on nous a conseillé. Gori est à 60km ce qui fait beaucoup pour une matinée mais on est motivé·es. Sauf que, troisième journée de galère, notre gps nous envoie direct sur l'autoroute donc on est obligé·es de faire un détour et on arrive à Gori après 75km sans avoir manger, on est complètement frigorifié·es et en hypoglycémie. On arrive devant le restaurant. Fermé. Super. Bon on trouve autre chose mais quand même on se dit, tour ça pour ça !! Gori c'est la ville de naissance de Staline et tout un mémorial est organisé autour de lui. Son wagon blindé, son ancienne maison, une statue, et surtout un musée qui ressemble plus à un mausolée. C'est assez original de rendre un culte à un tel personnage.
Finalement on finit la journée tranquillement. Toujours quelques églises sympas sur la route, un spot de bivouac au bord de la rivière, avec des chiens pour nous tenir compagnie. Classique quoi ! On a même vu un troupeau de moutons avec des kangals, ça nous a rappelé la Turquie.
Tout allait pour le mieux jusqu'à ce qu'on se fasse réveiller par un vent à décorner les boeufs qui couche la tente sur nous tellement il est violent . Dernier jour de vélo, il fait froid, il nous reste 65km avant notre arrivée. Et là magie, le vent hyper violent est dans notre dos alors on vole presque et on boucle les kilomètres en une petite matinée. Cela fait un mois que nous n'avons pas fait de lessive, on a froid, on est sales, on est fatigué·es et c'est une sacrée arrivée que celle dans notre hôtel 4 étoiles offert par les parents de Maéli pour son anniversaire. C'est original de passer de la tente à 3 degrés à l'hôtel de luxe. Notre après midi se résume à boire du vin dans une grande baignoire, aller à la piscine et se coucher à 22h dans un lit qui doit faire à peu près deux fois notre tente. Nous avons une semaine à Tbilissi pour essayer d'organiser notre vie future ce qui est assez compliqué et va beaucoup dépendre de l'obtention de nos visas pour la suite, la Russie et la Chine. On profite de la vie en ville dans un appartement pour faire des choses qui paraissent simples dans le quotidien mais qui nous manquent en voyage : cuisiner, laver nos habits, aller faire de l'escalade, aller au cinéma, boire des bières, danser.
On visite aussi la ville qui est très chouette, rien à voir avec la tumultueuse Istanbul, ici les quartiers sont mignons, il y a plein de statues , beaucoup de bars et de vie culturelle, des églises à chaque coin de rue et surtout, la nature aux portes des immeubles avec de nombreux lacs, belvédères et randonnées.
Finalement ça ressemble un peu à Grenoble en plus grand et à la mode géorgienne. On retrouve Eefje encore une fois et après tous ces jours de bivouac ensemble on profite de nouvelles activités qui nous font explorer des heures de la nuit que nous n'avions jamais passées ensemble.
Et on obtient finalement notre visa chinois ! On est super content·es, on va pouvoir mener à terme notre projet d'aller au bout du continent sans avion ! Mais ne nous emballons pas encore, il nous reste un visa de transit russe à obtenir. Nous nous rendons donc maintenant à Erevan en Arménie pour faire la demande auprès de l'ambassade Russe et se préparer à affronter nos nombreux jours de trains et bus à venir !
Rendez-vous dans 2 semaines au moins !
Photo bonus : La pêche aux égouts
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