Le trio infernal en Bulgarie
- maeliboss
- 2 oct. 2023
- 10 min de lecture
Nous voila alors reparti·es sur la route depuis Belgrade, mais cette fois-ci, finies les ballades en amoureux au bord du Danube. Arnaud se tape l'incruste pour un voyage entre ami·es ! En réalité nous somme ravi·es d'accueillir ce nouveau compère pour notre périple. Seulement il nous faudra d'abord le retrouver. Nous passons en effet une bonne heure à tourner dans la gare routière afin de retrouver Arnaud qui n'avait pas de moyens de communications pour nous aiguiller. Et finalement le voilà.

Retrouvailles faites, nous mettons alors le cap vers Sofia, capitale de Bulgarie. Seulement il nous faut choisir l'itinéraire. En effet, plusieurs possibilités s'offrent à nous. Ou bien nous prenons l'option la plus rapide en traçant tout droit jusqu'à Sofia en passant par la campagne serbe et un dénivelé raisonnable. Ou alors nous continuons un petit peu sur le Danube et coupons dans les montagnes pour rejoindre la Bulgarie et passer notre premier gros col avant de redescendre sur Sofia. Nous choisissons finalement la deuxième option bien que plus sportive et plus longue elle nous paraît plus dépaysante et moins fréquentée.

Et voilà ! Arnaud retrouvé, itinéraire choisi, tout semble propice pour prendre la route. Seulement le destin en aura décidé autrement. A peine sorti·es de Belgrade Merlin prend un trou sur la route et son pneu avant crève. Coup dur pour l'équipe !

Heureusement nous étions bien équipé·es et avions prévu des chambres à air de rechange. Seulement, il aurait fallu choisir les chambres à air adaptées à nos roues. En effet, qu'elle fut l'horreur en découvrant que nous avions pris des chambres à air dont l'embout ne correspondait pas à nos roues. Il faut alors que Maéli effectue 7 km pour rejoindre le magasin le plus proche afin de trouver de nouvelles chambres à air. Nous reprenons alors la route en fin de journée afin de s'éloigner un peu de Belgrade pour trouver un lieu de bivouac.
Les prochains jours se réalisent sans plus d'encombre. Comme prévu nous longeons un peu plus le Danube dans de magnifiques gorges marquant la frontière entre la Serbie et la Roumanie. Il faudra quand même noter une traversée du fleuve en barque sympathique mais plutôt honnereuse et quelques 10 kilomètres à patauger dans le sable !



Arnaud decide de garder un souvenir du Danube en s'offrant une petite baignade. Seulement à ce niveau du fleuve, on ne saiy pas trop quoi trouver dans l'eau et la seule chose que fit Arnaud c'est remuer la vase et les déchets qui répendirent une odeur nauséabonde pour la soirée. Deuxième coup dur pour l'équipe !
A la suite, nous nous plongons dans les montagnes serbes afin de se diriger vers la Bulgarie. C'est alors que nous nous apercevons que l'appareil photo est devenu inutilisable. L'écran ne s'allume plus. Impossible de prendre une photo. Troisième coup dur pour l'equipe !
Heureusement Arnaud a lui-même un appareil photo qui nous permet de documenter le voyage. Les montagnes serbes nous offrent une belle surprise avec des paysages plus familiers pour nous autres les Grenoblois.


Cela pourrait être parfait sans les chiens qui nous courent après à chaque village pour nous faire comprendre que nous ne sommes pas les bienvenu·es. Maéli devra faire face à sa phobie des molosses petits et grands.
Nous franchissons la frontière entre la Serbie et la Bulgarie 4 jours après avoir quitter Belgrade. Et là, c'est un vrai plaisir ! Nous ne sommes pas déçu·es de l'itinéraire choisi. Les montagnes bulgares nous offrent de très beaux points de vue et nous nous arrêterons deux soirs de suite au bord de très agréables lacs. Arnaud et Merlin tenteront même de profiter d'une nuit à la belle étoile avant de se rappeler qu'en montagne on se les gèle.

Nous passerons également à vélo dans la petite ville bulgare de Belogradtchik abritant une vieille forteresse qui, si elle ne brille pas par ses exploits militaires, donne une vue imprenable sur des formations rocheuses bien particulières.



C'est à raison de notre premier grand col (une montée de 1300m de dénivelé sous la chaleur) et d'un bivouac au sommet de la montagne (guidé par des gardes forestier) que nous pouvons aborder notre dernière journée pour arriver à Sofia. Nous profitons quand même d'une petite balade au sommet pour se dégourdir les jambes (parce qu'elles sont évidemment sous sollicitées ) et bénéficier encore une fois de de beaux panorama.

Enfin arrivé·es à Sofia pour prendre une journée de repos nous profitons de petites balades en ville et de quelques visites de monuments célèbres de Sofia (église orthodoxe, catholique, mosquée et anciens bains).


Et hop ! Nous voilà parti.es de Sofia, enfin pas vraiment car nous mettons 2h à sortir de la ville. C’est une reprise du vélo longue et ambitieuse car nous avons une échéance : une rando de deux jours dans les montagnes de Rila avec une nuit dans un monastère inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Cette journée longue et difficile nous mène de la ville vers la montagne. Nous arrivons en fin de journée dans une forêt lugubre et profonde, avec une route defoncée, et décidons de nous arrêter pour bivouaquer à 2km de notre départ de rando (Vada). C’est l’occasion pour la joyeuse troupe de se baigner dans la rivière, et de fantasmer sur la présence d’ours en profitant du gueuleton de pâtes quotidien. Mais chauffé.es par les histoires d’ours, le doute s’empare de nous et voilà que nous cachons la nourriture dans les arbres, et avec un petit tour sur Google, on apprend finalement qu’il y a peu d’ours dans cette région, mais que nous sommes proches du parc des ours danseurs financé par Brigitte Bardot. Ouf.
Après une nuit très fraîche, qui ne manqua pas d’animer le débat tente vs hamac, c’est le jour de la rando, qui nous fait découvrir 7 lacs les uns après les autres, et passer un col à 2650m ! Une journée radieuse dans des montagnes magnifiques marquée par une descente longue et difficile vers le monastère.



Nous dormons donc dans le monastère de Rila, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. On découvre là bas qu’on peut être moine et boire des bières en terrasse et mettre des stories insta. Un autre a fait sauter son bouchon de bouteille de vin en plein milieu du monastère !
Le lieu est magnifique, la chambre est rustique, peu confortable, les pieds de Maeli sont en bout de course. Encore une soirée pyj !


Pour manger nous avions prévu de cuisiner du taboulé avec de l’eau chaude de l’évier, mais OH SURPRISE ! Encore une entourloupe, le sachet est en fait une soupe à la grimace, trop salée et vraiment pas bonne ni nourrissante. Entre deux jours de rando à 1500m de d+, rien de tel que ce bouillon infâme pour reprendre des forces.

Le lendemain, la rando est difficile. Nous montons pendant 3h sous les averses, les risques d’orages nous inquiètent beaucoup, car il faut repasser à 2700m sur une longue crête. Finalement tout se passe bien, c’est joli joli, nous voilà de retour aux vélos !
Après une nouvelle nuit dans la forêt lugubre et profonde sans ours, marquée par une tentative manquée d’allumer un feu à l’essence, c’est le brouillard qui nous accompagne jusqu’à notre retour dans la plaine.

Nous retrouvons ainsi les villes, la chaleur, les camions, les lignes droites, et les galères de bivouac. La nuit tombante dans des villes glauques, on finit par demander asile dans une sorte de marché de gros, des gens gentils nous accueillent et nous invitent à mettre la tente derrière leur boutique. Contents, fatigué.es et amusé.es, nous nous lançons dans une nuit bruyante rythmée par les arrivées et départs de camions de fruits à 10 mètres de la tente…
Le lendemain, c’est déjà le retour dans les montagnes. On a prévu une grosse étape avec 1300m de d+ sur une petite route qui longe une rivière. C’est digne des gorges du Verdon ! Nous longeons la rivière toute la journée, et arrivons à la ville de Devin, qui est dans un lieu magnifique mais n’est pas très jolie, et peu commode pour le bivouac.


On trouve quand même un spot sympa sur une aire de pique nique proche de la rivière et d’une énorme usine. On s’y fait deux amis à poils qui bien que sympas et mignons au début, ont testé nos nerfs et nous ont fait vivre un enfer toute la soirée et la nuit, jouant, miaulant, et se battant dans le hamac et sous la tente, chapardant la nourriture… il se trouve que l’aire de pique nique est à priori prisée pour venir passer la soirée dans la voiture avec la musique à fond. Vive le vélo !

On peut remplir les gourdes facilement dans ces montagnes. D'ailleurs des 7h du matin des voitures viennent remplir leur bidon. Aujourd'hui c'est encore montagne au programme, 1200 m de dénivelé comme tous les jours finalement. L'ambiance c'est une petite route de montagne dans des paysages qui ressemblent à la Drôme, pas de voitures, des montées et des descentes.
Le midi on mange dans un village où nous ne sommes plus sur la place de l'église mais celle de la mosquée pour la première fois ! L'appel à la prière retentit. On en profite pour faire sécher nos affaires mouillées à cause de la rosée ( ça aussi c'est la routine).

L'après midi c'est un col qui nous attend. On y va doucement mais sûrement et on attaque la descente avec l'idée de trouver un bivouac dans celle-ci. Mais là le désert commence : plus aucun village, plus de vies sur des dizaines de kilomètres à la ronde. On en trouve finalement dans une maison isolée et à 700m d'altitude nous posons le bivouac en lisière de champ pour la tente et lisière de forêt pour le hamac (les aiguilles qui se plantent dans notre dos dans la tente ne font que ranimer le vieux débat tente versus hamac).

Nous sommes réveillé·es le lendemain par le lever de soleil, c'est très beau.
La journée est une des plus grosses depuis le début : plus de 100km et 1400m de dénivelé. Notre objectif est d'arriver plus très loin de la frontière grecque mais tout en restant un peu en montagne pour bivouaquer. Nous sommes accompagné·es toute la journée par fun radio qui sort de la bouche d'Arnaud, inépuisable en montée et de ses douces chansons de Sébastien Patoche revisitées qui nous ravissent les oreilles. L'ambiance est plus sèche, plus désertique aussi avec moins de végétation. En pleine montée (heureusement) Arnaud nous regale de sa meilleure pitrerie : son porte bagages et tout son chargement tombent de son vélo! Ça surprend quand on est derrière !

Sinon plus la journée passe, plus nous sommes fatigué·es, fatigué·es aussi des étapes de montagne sans pause qui s'enchaînent. On bivouaque dans une forêt au bord de la route. On ne nous voit pas depuis la route. Mais quand la nuit s'installe nos frontales sont visibles et transpercent les arbres. Tout à coup, une voiture pile, recule à fond pour se mettre à notre niveau et reste là. On n'ose plus bouger. On finit même par éteindre nos lampes. La voiture repart. On ne sait pas trop ce qu'elle voulait : va t'elle avertir un fermier ? Était ce juste de la curiosité ?
On reste un peu sur nos gardes. 1h plus tard, alors que Merlin lit dans la tente, Arnaud surveille les alentours baskets aux pieds depuis son hamac et Maéli se brosse les dents, deux voitures pilent à notre niveau, des personnes en descendent, et commencent à nous courir dessus en traversant les énormes bosquets et en criant. On dirait même qu'ils ont des chiens. Arnaud et Maéli, dehors ,prennent peur mais crient quand même " euh hello hello". Finalement ce sont des policiers avec tout l'équipement (même les caméras de vision nocturnes ) qui nous arrivent dessus. On nous demande nos papiers, ce qu'on fait, on jette un oeil dans la tente, sur nos affaires. La voiture qui est passée avant nous a balancé·es à la police des frontières ! Comme nous sommes prêt de la frontière grecque et turque, il y a beaucoup de personnes migrantes et je crois que les policiers sont surpris de trouver trois touristes dans les fourrés plutôt qu'une famille afghane. On reste avec le chef pendant que les autres partent avec nos passeports pour être sûr de nos identités. Le temps passe, nous sommes debout dans la foret à attendre avec notre nouvel ami chef des frontières. Finalement on nous les rend, les policiers repartent et nous revoilà seul·es. On a une petite pensée pour les migrant·es qui sont vraiment recherché·es.
Quelle journée en tous cas.
Le lendemain, on passe deux frontières dans la même journée ! On est trop content·es de faire 40 km en Grèce, qu'on fait à fond sous l'excitation.

Après la queue à la frontière turque, le policier qui ouvre la sacoche de Maéli dans laquelle il y a Takinou et un petit coup de tampon sur nos passeports, nous voilà en Turquie !!!
Première étape, Edirne, une jolie ville dans laquelle nous allons passer la nuit pour visiter et nous reposer. C'est l'occasion aussi de découvrir les premières spécialités turques : kekab, loukoums, pide (la pizza turque), çay (thé ) à gogo, le bazar, les imitations de marques connues, les mosquées, les appels à la prière qui retentissent, l'eau du robinet non potable. À quelques kilomètres seulement de la frontière, le choc culturel est déjà bien présent !
Cette partie de la Turquie semble désertique et nos premiers kilomètres de vélo le confirment. Nous choisissons d'emprunter les routes secondaires, et c'est un enchaînement de bosses sur une ligne droite infinie, au milieu d'un désert sans aucun arbres. Il fait 36 degrés à l'ombre, nous croisons un village tous les 7 km. La route est en gravillons nous avançons péniblement.

Ce n'est pas la partie la plus plaisante du voyage pour l'instant. Dans un village où tout le monde semble dormir, nous croisons un coq, Arnaud lui crie "Cocorico" à voix haute, et il n'en fallait pas moins pour réveiller tous les chiens errants du village qui commencent à nous hurler et courir dessus. A 16h nous avons fait seulement 45 km quand nous tombons sur une petite foret avec de la musique. C'est un festival de danse et chants traditionnels où on nous offre des chaises de l'eau de l'ayran (boisson de yaourt traditionnelle) et des sandwichs à la saucisse. Ça fait du bien de retrouver un peu de vie.
On décide finalement de dormir dans un camping à une quinzaine de kilomètres de là pour trois euros et le calme.
Les deux jours suivants sont l'histoire d'un enfer sur l'autoroute sur laquelle nous roulons sur la bande d'arrêt d'urgence avec à gauche des camions qui nous secouent, à droite le désert et tout droit le vent et des collines qui nous font avancer très lentement. On ne peut pas parler on doit rouler a la queue leu leu avec le brouhaha sans pour autant avaler les kilomètres à toute allure.


C'est aussi l'histoire d'un bivouac dans une "picnic area" remplie de déchets, dans laquelle un local nous a mis en garde contre les chiens "Big like that" en montrant une hauteur à 1m50 du sol et une raffinerie à 200 m qui fait un vacarme épouvantable toute la nuit. Sans oublier la route à 100m.
C'est enfin l'histoire du bus que l'on prend 90km avant l'arrivée à une station service parce qu'on craque, parce que la route est dur, fatigante et anxiogène.
Istanbul nous voilà !


Nous retrouvons Louise et Nico pour 5 jours de visite. Istanbul est une ville incroyable, palpitante. Nous avons pris le temps de boire des çay en terrasse, visiter les mosquées, se perdre dans les marchés et bazar, manger mille et une choses de la gastronomie, fumer un narguilé, faire du shopping, prendre le bateau sur le Bosphore, regarder les pêcheurs sur le pont de Galata, boire des bières dans les rues animées de beyoglu.
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