Aprés s'être bien reposé·es sur l'ile de Cat Ba à l'occasion des fêtes de Noël, il est temps de reprendre le vélo pour Hanoï. La distance n'est pas énorme (160km), on prévoit donc 2 jours pour arriver à cette "seconde" capitale du Vietnam. Que neni, nous voilà sur nos vélo, les kilometres qui fusent, et sans avoir le temps de réaliser, nous sommes arrivé·es à la grande ville au bout d'une journée seulement ! On bat notre record de kilométres. Faut dire que la route est toute plate et bien goudronnée (merci les scooters). Du coup on pousse un peu dans la journée pour avaler les kilomètres, tel·les des boulémiques de sport, et nous finissons de nuit dans un trafic intense avec la pollution et la poussière dans la tête !
Peut etre qu'on a un peu exageré en fait ... Bref, c'est une journée de gagnée pour visiter Hanoï. Deuxieme plus grande ville du pays (apres Ho Chi Minh Ville), elle fut la capitale des royaumes Viets pour plus de la moitié de leur histoire. C'est donc une grande agitation qui habite cette ville et aussi une marque forte de la culture Vietnamienne. On découvre le palais de la Littérature qui servit d'école du confusianisme pendant presque un millénaire . On y decouvre que malgré l'indépendance par rapport aux royaumes de Chine depuis le Xeme siècle, la culture vietnamienne reste grandement marquée par son voisin, notamment par la reproduction de son administration et son étude des écrits de Confusius. On visite aussi un super musée sur les femmes vietnamiennes, qui nous en apprend plus sur la guerre d'Indochine (ou guerre de France et d'Amérique pour le Vietnam) et notamment comment elle furent partie intégrante des armées communistes avec des postes plutôt gradés. Enfin, on ressent parfois l'influence de la colonisation française notamment dans la présence de sandwich fait avec des baguettes (les banh my), la présence de cafés (inexistants jusque là en Chine), et certains bâtiments avec une architecture plutôt française.
Malgré l'histoire parfois funeste qui lie nos deux pays, nous ne sentons pas de ressentiment envers notre nationalité. C'est au contraire un pays très accueillant, qui cherche d'ailleurs à recevoir de plus en plus de touristes (nous en reparlerons plus tard). Nous passons 3 nuits à Hanoï dans un hostel regorgeant de backpackers (ou routard.es pour les anciens) parti·es à l'assaut de l'Asie du Sud-Est. Faut avouer que ça nous fait tout drôle, on se sent un peu en décalage. Après tout ce n'est pas vraiment le même type de voyage qu'on fait, on a l'impression de partager moins de choses avec elles et eux. Mais cela ne nous empêche pas de nous faire quelques ami.es pour partager des cafés et bières.
Après ce petit temps à Hanoï, on décide de laisser les vélos de coté quelques jours et de prendre un bus pour Sapa, une ancienne villégiature française dans les montagnes au nord. C'est aujourd'hui très connu pour ses fameuses rizières en terrasse et les nombreux villages environnants où vivent plusieurs minorités ethniques qui tentent de conserver au mieux leurs coutumes traditionnelles dont la plus connue est le tissage. Nous passons au total 3 jours dans ce petit coin reculé, le temps de faire quelques petites randonnées. Si vous imaginez des randonnées bien tracées avec des indications claires n'y pensez même pas. Quand on est arrivé·es, on nous a proposé de louer les services de guides. En pleine confiance dans nos capacités montagnardes, nous préférons acheter une simple carte au centre du tourisme et s'orienter nous même. Seulement quand la carte ne correspond absolument pas à la réalité et que les chemins indiqués n'existent pas, tout se complique. On s'est rapidement retrouvé·es un peu perdu·es mais grâce au gps du téléphone de Maéli on a pu s'orienter. Cela ne nous a pas empéché·es d'emprunter des chemins en pleine immersion dans les villages aux alentours. La vue est pas mal non plus. Bref on s'amuse bien.
Sapa est aussi l'occasion de profiter du nouvel an avec un peu de monde ! On tombe sur un petit groupe de gens divers à l'hostel avec qui profiter de la soirée. On se retrouve sur la place centrale de la ville vers 22h où des animations sont organisées. C'est ici que se passe une des soirées les plus surprenante de notre voyage. Alors qu'une DJ s'installe aux platines et passe des musiques plutôt dansantes, accompagnée d'un chauffeur de salle qui tente de mettre l'ambiance, le public reste inanimé. On se retrouve avec quelques occidentaux interloqués, avec une furieuse envie de se déhancher, mais le public est si inactif que l'on ose rien faire. Finalement, au bout d'une bonne demi-heure, un groupe de jeunes vietnamien.nes et chinoi.ses se lancent au devant de la scène pour danser en folie. On se joint immédiatement au groupe enfin libre de faire bouger notre corps. Mais finalement on reste qu'une cinquantaine à danser devant la DJ sous les yeux de quelques 1000 personnes qui restent sans bouger. Enfin nous, on s'en fout, on danse, on est content.es et on profite des feux d'artifice lancés à minuit !
Sapa fut l'endroit idéal pour finir notre interruption de vélo pendant les fêtes, mais toutes les bonnes choses ont une fin et on retourne à Hanoï en bus le 2 janvier pour reprendre la route.
C'est reparti direction le sud ! Cette fois ci on entame vraiment notre grand tour de l'Asie du Sud est. Première étape : rejoindre Hué au centre du pays 750km plus bas. On quitte Hanoï sur les chapeaux de roues car la première galère est très matinale : au moment de retrouver nos vélos laissés dans un parking les derniers jours on s'aperçoit qu'on s'est fait voler le casque de Merlin, le compteur kilométrique, une lampe arrière et nos rétros. Pour de vrai ce n'est pas si grave mais ça met toujours un petit coup au moral. On part dans la grisaille les scooters et la pollution et bientôt la pluie s'en mêle. Heureusement qu'on est de bonne humeur car c'est pas facile comme reprise ! Il y a au Vietnam une route nommée QL1 qui part de la frontière nord et va tout droit jusqu'à la frontière sud sur presque 2000 km. Cette route est en très bon état, plate, sans détour. Cette route va très vite en vélo. Mais elle a un gros inconvénient : des camions qui vont à fond et qui klaxonnent comme des fous quand ils veulent passer coûte que coûte. Alors pour cette première journée on teste la route, à midi on a déjà fait 80 km à 14h30 on est plus qu'à 15 km de notre objectif MAIS on a les têtes grosses comme des melons et on est poisseux·ses de pollution. Heureusement on finit dans de superbes paysages de rizières et de roches karstiques au coeur de l'ancienne capitale vietnamienne.
On dort en guesthouse pour 7€ à deux et on profite une dernière fois d'être dans un lieu touristique pour faire une folie : manger une pizza au feu de bois, c'est tellement bon en vrai.
Puis les jours s'enchaînent et on prend un rythme de fou : une moyenne de 120 km par jour avec des journées à 140km. Pourquoi ? On se lève tôt déjà, puis comme on voit qu'on avance bien on se met dans la tête qu'on va arriver à Hué en 6jours et quand on se met un objectif comme ça c'est parfois dur d'en démordre. On alterne entre route principale et routes secondaires parfois géniales parfois...étonnantes. on se retrouve à pédaler dans d'immenses chantiers en se demandant ce qu'on fiche là à vélo. La première fois, on avait imaginé une route tranquille dans les bois et parsemée de lacs. C'était sans compter le chantier d'autoroute, et tout ce que cela implique : les camions, la route défoncée et pleine de boue, l'intersection qu'on rate, on se retrouve sur une route inconnue sur le gps la nuit tombe et nous sommes plein de boue.
On bifurque sur une petite route en tête au milieu de la forêt et on retrouve finalement quelques habitations. On campe finalement dans le jardin d'un petit hameau de 2 maisons, 10 enfants et 8 chiens, tout est bien qui finit bien. La deuxième fois, on emprunte une route secondaire en bord de mer. On s'attend à trouver une petite route en mauvais état et c'est finalement une superbe 2x2 voies goudronnées à la perfection et sans aucune voiture. C'est louche cette histoire. En fait on est dans le chantier d'une station balnéaire de luxe avec des dizaines d'hôtels géants en construction, aucune âme qui vive et aucun bâtiment vraiment terminé. On peut rouler sur les voies de gauches et crier à gogo mais ça fait quand même une drôle d'impression. Puis des qu'on sort de ce complexe la route s'arrête nette, c'est une piste qui reprend, au milieu de rien.
C'est néanmoins magnifique, la piste est en terre rouge, nous sommes entouré·es de dunes de sable et de l'océan à gauche et d'arbres à droite. Le seul problème c'est que c'est l'heure de manger et qu'il n'y a absolument rien autour ! On attend avec impatience le prochain village qui se révèle à moitié désert. On finit par manger de fameuses huîtres chaudes au cheddar seul·es dans notre bouibouis!
A la sortie de ce drôle de village à moitié désert et tout en long autour d'une rue, nous voulons aller faire pipi dans les fourrées discrètement. C'était sans compter qu'ici nous ne pouvons rien faire discrètement et 30 enfants nous courent dessus en criant des "Hello" à la pelle, pas mal de "what's your name" et quelques "Fuck you" pour les ados en quête de sensations. C'est assez épique et on repart sans avoir soulagé nos vessies mais entouré·es d'un fameux cortège. Cette journée est riche en émotions, et ce n'est pas finie !
On a pris l'habitude de repérer à l'avance les lieux de bivouac grâce à maps et les vues satellite. Pour le moment ça a bien marché, on a dormi une nuit sur la plage, une nuit au bord d'un petit lac, une nuit dans la forêt à côté de maison. Ce soir là, on vise de superbes dunes au bord de la mer. Les photos donnent envie, et on s'accroche à cet objectif même s'il est à quasiment 140km. Le soleil tombe et nous sommes encore sur nos vélos (comme tous les soirs !) À vadrouiller dans la campagne aux milieux des buffles et rizières. Ok c'est beau surtout avec la golden hour (pour les boomers, le moment où le soleil se couche et tout est doré) mais toujours un peu stressant la nuit qui tombe quand on a pas de lieu où dormir !
On se rapproche des fameuses dunes de sable mais se pose un nouveau problème. Comment les atteindre ? Toutes les routes semblent barrées ou interdites au public. On doit faire un demi tour, puis on se fait courser par les chiens on décide alors de continuer jusqu'au bord de mer en se disant qu'on trouvera bien un endroit sur la plage. Quelques jours plus tôt on a déjà dormi sur la plage et c'était chouette, même si le chemin pour y arriver était une nouvelle fois épique puisque nous étions passé·es au milieu de dizaines d'immenses usines à la tombée de la nuit avec de nombreux camions qui roulaient à fond. Cette fois là, on tombe sur plein de maisons abandonnées et une plage toute petite. Pas très accueillant et il fait vraiment nuit. On passe devant une maison avec une dame dehors et on lui demande si on peut dormir à côté de chez elle. Elle propose même sur sa terrasse couverte. En vrai c'est un de nos meilleurs endroits, on est abrités avec vue sur mer c'est le top. On est heureux·ses après cette journée éreintante et on boit une petite bière pour fêter ça. Mais qui arrive au milieu de notre apéro ? Un monsieur habillé en militaire. Au milieu de cette cambrousse. Bon. On lui donne nos passeports et après les avoir examinés pendant 10 min il nous dit avec un traducteur que nous sommes dans une zone interdite et que nous devons partir. On a quand même un peu douté que ce soit un vrai militaire étant donné que la moitié des hommes sont habillés comme ça dans la campagne. Mais là, ça a l'air sérieux. On essaie de négocier mais il n'y a pas moyen et il nous dit qu'il faut qu'on aille dormir à l'hôtel dans la ville la plus proche à 12km de là. Sachant que Merlin n'a plus de lampe, qu'il fait nuit noire et qu'on doit traverser une jungle ça paraît difficile, notre campement est déjà tout monté, il est 20h et on a déjà 135km dans les pattes. On range toutes nos affaires presque les larmes aux yeux quand un deuxième militaire arrive, un peu plus sympa. Il nous prend en charge, appelle son pote avec un suv et tous les deux ils nous emmènent avec nos affaires dans la ville. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés dans un motel à 5€ la nuit avec des tarifs "2h" à cuisiner nos nouilles dans la cour.
La journée du lendemain est la dernière avant d'arriver à hué où nous allons faire deux jours de pause. Sur notre chemin on visite les tunnels de Vinh Moc, des tunnels qui se trouvent sur le 17 ème parallèle, la frontière qui délimitait le Vietnam du nord, communiste et le sud, allié des américains. Sur cette frontière extrêmement bombardée, les habitant·es ont construit de nuit pendant 3 ans des tunnels à plus de 20 m de profondeur pour vivre, se défendre, et envoyer des armes au sud. La visite est très impressionnante et c'est difficile de s'imaginer que dans ce tour petit tunnel ont vécu des milliers de gens, et que chaque petite cellule taillée dans la roche correspondait à une maternité, une salle de bains...
Pour notre arrivée à Hué on choisit la classique depuis qu'on est au Vietnam : de nuit, avec un vent de face qui nous fait souffrir et nos deux lampes sans batterie. La base. Heureusement notre hôtel est sympa, il y a dans la rue un très bon restaurant dans lequel nous allons manger trois soirs de suite. Hué est connue pour sans ancienne cité impériale, car elle a accueilli les empereurs sous la dynastie Nguyen. La visite est cool mais c'est immense et on est encore bien fatigué·es par les derniers jours de vélo (750km en 6 jours tout de même) qu'au bout de 2h Maéli s'assoit sur tous les bancs et Merlin passe les descriptions de l'audioguide à fond.
On visite aussi un grand marché et une belle pagode, encore en activité aujourd'hui avec quelques moines. C'est cette pagode qui a abrité le moine qui s'est immolé pendant la guerre contre les USA pour protester. Après deux jours de repos, on retourne vers Dong Ha 70km au Nord pour retrouver Tao qui nous héberge pour cette dernière soirée au Vietnam. Il est journaliste et a ouvert avec sa femme un centre d'apprentissage de l'anglais. Le soir nous allons faire un talk-show devant les enfants de l'école. Nous rencontrons sa mère sa femme et ses deux enfants et nous mangeons tous ensemble avant la soirée.
Le thème de notre conférence est "visit Paris" ce qui est assez drôle, et le MC a déjà écrit notre discours, nous devons parler de la Tour Eiffel, de la seine et du foie gras. Les enfants sont encore débutants en anglais alors je ne sais pas ce qu'ils ont compris de nos histoires mais c'était drôle, surtout quand la deuxième partie de la conférence a commencé et qu'il s'est avéré que nous avons commencé à animer des jeux avec des enfants en folie. Bref c'était vraiment chouette et on en a appris plus sur le Vietnam avec nos hôtes notamment sur le système éducatif et sur les traditions liées aux ancêtres.
Après un réveil aux aurores le lendemain, car ici tout le monde se lève à 6h et on a pris le rythme aussi par conséquent, on attaque nos derniers kilomètres vietnamiens. Ça grimpe ! Une chaine de montagnes séparent le Laos et le Vietnam. Il y a quelques camions et il fait chaud mais on s'accroche et à 15h on passe la frontière avec notre 15eme pays !
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