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La Chine, entre amour et haine

Réveil à 5h du matin pour aller prendre, à 10km de chez notre hôte, le bus qui nous fait traverser la frontière avec la Chine. Rien de tel qu’un peu de vélo pour se réveiller. Et rien ne vaut le visage décontenancé des chauffeurs face à nos vélos ! Mais les négociations avaient déjà été faites à l’achat des billets et les vélos trouvent leur place dans la soute (sans rien démonter, wouhou !). Et c’est parti pour 25h de bus !

Cette fois-ci le bus est confortable, peut-être trop, le chauffage est à fond et il y a des ceintures de sécurité. Le hic c'est que ça bipe dès qu'on se détache. Donc le programme c'est sonneries stridentes toute la nuit. Le passage de frontière se fait facilement. Alors que nous redoutions de nous faire fouiller de fond en comble non seulement nos bagages mais nos téléphones (comme nous avons pu lire que ça arrive sur plusieurs blogs), rien de tout ça. Seulement les procédures habituelles, vérification des passeports, passage des bagages au rayons X et nous voilà en Chine au bout de 30min. C’est le bus qui met plus de temps pour passer la frontière (plus de 2h). Peut être que les chauffeurs ont caché de la vodka sous les sièges ? On ne saura jamais. En tout cas, on aura retenu la leçon, il faut savoir être patient pour les passages de frontière en bus. Et voilà, 10h du matin le lendemain, nous voilà en Chine, à Urumqi, capitale du Xinjiang ! Première étape, prendre des billets de train pour le soir même direction Xi’an. Heureusement, Maéli a fait l’ENS chinois et parle couramment chinois. A non en fait… ça existe pas l’ENS chinois. Bon mais pour le moment, c’est pas très compliqué, on est déposé à côté de la gare, le personnel de la gare est très aidant, on nous trouve quelqu'un qui parle anglais pour prendre nos billets. Ensuite on dépose nos vélos au service de fret, cette fois-ci on ne voyage pas avec eux. Ça fait bizarre de s’en séparer, on s’y attache avec le temps et on a peur pour eux, mais bon, tout devrait bien se passer ! Billet pris et vélos déposés, il nous reste une bonne partie de l’après-midi à passer dans la ville. Déjà manger. On attendait avec impatience la découverte de la nourriture en Chine, mais ça s’avère plus compliqué que prévu. Déjà, il faut savoir qu’en chine, payer en espèce ou en carte bleu c’est démodé. Ici on paye avec des QR code et des applications liées à notre carte bancaire. On a réussi à télécharger l’application mais ce fut une belle galère de lier notre carte bleu étrangère à l’application. Pour ceux qui ne comprennent rien, c’est normal, tout est compliqué en chine. Deuxième difficulté, c’est pour Maéli, qui est végétarienne. Le défi est de comprendre la composition des plats. Mais c’est pas vraiment facile de lire le chinois (voire impossible pour nous) et comme vous le dira tout personne qui voyage en Chine, on ne sait jamais trop ce qu'on va manger avant d’avoir l’assiette devant soi. On arrive quand même à commander des raviolis aux oeufs et asperges grâce au traducteur téléchargé au préalable. C’est bon !

Pour le reste de l’après-midi, visite du musée de la région du Xinjiang. Musée qui semble bien vouloir utiliser l’histoire d’une manière avantageuse pour la Chine. Il semblerait que le Xinjiang a toujours eu une histoire liée à la Chine et qu’elle ne peut s’en défaire. Nous avons vu un documentaire par la suite qui ne dépeint pas forcément la même réalité … Mais bon, intéressant. On commence à apprendre comment fonctionne la Chine. Déjà il faut savoir que le langage gestuel ne marche PAS du tout ici et qu'on a beau faire des miles, personne ne comprend jamais rien de ce qu'on veut. Le soir, on prend notre train, après mille contrôles de passeport et on se retrouve dans l’un des pires trajets de notre voyage. La troisième classe des trains en Chine, c’est pas cher mais faut être prêt à se prendre pour du bétail. On se retrouve entassés sur des banquettes de trois sièges qui n’ont la place que pour deux personnes et demi, au milieu des chinois, qui sont moins dérangés par le volume sonore que nous étions avec les néons allumés toute la nuit.

Pas facile de trouver le sommeil là-dedans. Le trajet est long, les banquettes sont dures, on a mal aux fesses (d'ailleurs Maéli garde un mal de fesses pendant 2 jours ensuite) On arrive a 21h le lendemain à la gare, on cherche le service fret pour nos vélos, on trouve au bout d’une heure, nos vélos ne sont pas arrivés, il arriveront dans la nuit … Pas grave, on va prendre le taxi pour aller à l'hôtel réservé, mais la c’est bien compliqué d’expliquer au chauffeur qui n’est pas très dégourdi l’adresse. On s’efforce et il trouve l’hôtel. A la réception on est surpris de nous voir. “No foreign people” on nous dit. On découvre que tous les hôtels ne peuvent pas accueillir des étrangers en Chine. Pas moyens de négocier. Il est 23h30… on finit alors au mercure hôtel, un peu dépité·es ces 2 derniers jours. Autant dire que l’arrivée en Chine est l’un de nos plus gros chocs dans le voyage !

Xi'an c'est une "petite ville chinoise " de 8 Millions d'habitant·es mais il faut avouer que pour une première immersion c'est cool. Le centre historique est encerclé par des murailles, le quartier musulman est piéton, bref c'est agréable.

On profite de notre première journée pour se promener dans un parc et on comprend vite que tout est payant ici alors c'est parti on craque le porte feuille. On visite des anciennes pagodes on se fait prendre en photo, il fait beau.

Le froid retombe le lendemain mais on continue les visites : on part en expédition vers l'armée de terre cuite. Pour cela il faut marcher prendre deux métros puis un bus et autant vous dire qu'en chine ce trajet relève d'une épreuve de koh Lanta. Heureusement quelques personnes nous aident et on arrive sain·es et sauf. On découvre aussi le tourisme à la chinoise : des milliers de gens qui bourrent et qui prennent une photo et s'en vont. L'armée est assez impressionnant et c'est fou de se dire qu'un type a fait construire tout ça pour être enterré avec lui ! Chaque statue est différente , avec des habits ou un visage et des expressions qui changent (sur 40000 soldats différents !).

Le lendemain on visite la mosquée de Xi'an, qui est vraiment superbe et change de tout ce qu'on a vu avant. Le quartier musulman est super étroit, avec des stands de nourriture et des babioles partout. On teste plein de nourriture sans jamais vraiment savoir ce qu'on va manger. Enfin pour notre dernier jour dans cette région on va visiter la montagne sacrée Hua. Il y a deux téléphériques pour monter mais nous on se le tente à pied. Au programme :1600m de montée sur seulement quelques kilomètres car ici ils adorent les escaliers. On est quasiment les seul·es à s'élancer à pied ans l'ascension, on est totalement dans le brouillard et on est trempés. Il doit faire 0 degrés. Les escaliers sont parfois gelés et comme on voit rien on ne sait pas si on avance bien. Puis la magie opère et on passe par dessus le brouillard. C'est magique. Les escaliers deviennent si raides qu'on doit poser les mains et ça ressemble à de l'escalade. On croise quelques temples qui débordent de la mer de nuages.

Arrivé·es au sommet du premier pic on retrouve les hordes de touristes en sandales talons et j'en passe monté.es en téléphériques. Ça n'enlève rien à la majesté de l'endroit. On s'attaque à l'ascension de deux autres pics avant de redescendre en téléphérique nous aussi car une nouvelle épreuve nous attend : il faut prendre le train ce soir. Retour à Xi'an prendre les vélos les emmener au fret puis prendre le train nous mêmes (sans douche bien sûr). Cette fois on a payé les couchettes pour ne pas revivre l'enfer de la dernière fois. Les 25h passent assez vite hormis le merlu qui commence à tomber malade. On arrive à Guilin notre nouvelle étape. On dort dans un hostel très sympa, Merlin a même un dortoir pour lui tout seul ( heureusement car il se tape des suées de fièvre). La ville est chouette avec ses pagodes sa rivière et ses lacs et nous faisons aussi une randonnée au bord de la rivière Li connue pour ses fiches karstiques. C'est tres beau, et le soleil est avec nous.

Encore une fois nous sommes les seul·es à randonner du coup on est souvent tout seul·es dans de superbes endroits ! On doit traverser plusieurs fois la rivière en bac et un monsieur a tellement peu l'habitude qu'il y ait des gens qu'il doit faire sa sieste tranquille quand nous on est bloqué ·es de l'autre côté. On doit crier pendant 20 min pour qu'il nous entende et vienne nous chercher.

Ces jours sont très sympas mais bon à un moment il nous faut reprendre quand même les vélos ! Après 5 semaines on a hâte. Nos vélos ont été envoyés à Nanning, la plus grande ville du sud et on les rejoint en prenant un dernier train. Colis réceptionnés. Quel plaisir de retrouver cette autonomie sans plus dependre de rien d'autre que le force de nos cuisses. Honnêtement pédaler dans les villes chinoises est un bonheur, des immenses voies pour les vélos et scooters, les routes en parfait état et la plupart des véhicules électriques donc peu de bruits et de pollution. On fait aussi un petit stop au supermarché. C'est plutot rare les supermarchés en Chine. D'ailleurs c'est le seul que nous trouverons et qui nous a été conseillé par une rencontre à Guillin. Ici on trouve tout et n'importe quoi. Pas encore pret·e à renoncer à nos vielles habitudes de vélo, on trouve des pâtes et du pesto et même une baguette de pain avec du fromage frais ! Bref, nous somme equipé·es, les sacoches pleines, ya plus qu'à sortir de la ville de Nanning meme si on se demande si on va rejoindre la campagne un jours (la ville est si grande). Alors qu'il faisait super beau les jours d'avant, il fait 8 degrés et humide pour notre reprise. On finit en effet par arriver dans plus de nature et moins de béton, mais va-t-on trouver un endroit pour bivouaquer ce soir ? On a jamais fait ça en Chine et on a du mal à savoir dans qelle mesure ça se fait. Finalement Maéli voit marqué camping sur un panneau vers la fin de journée. Ça, on ne s'y attendait pas ! Premiere nuit facile alors. On est les seul·es à camper. Les autres chinois·es present·es sont là pour faire des barbecues avec le matetiel fourni par le camping. On assiste meme a un petit feu d'artifice improvisé par le staff.

Finalement, on est pas trop bousculé·es par cette première nuit. Par contre le reveil le lendemain matin c'est une autre histoire. Il fait froid ! Pas de chance, on pensait retrouver de la chaleur dans le sud mais on arrive dans une periode hivernale. Le froid va nous suivre toute la semaine jusqu'à noël ! Bon tant pis, on se remet en selle et on part sur les routes. Le vélo en Chine, c'est pas trop dur, la plupart du temps ce sont des route en bétons qui roulent bien. Peu à peu le décors se transforme pour rappeler celui de Guillin. C'est assez incroyable de pédaler la dedans !

Autour de nous, ce sont des champs de cannes à sucre avec des paysan·nes qui y travaillent à la main toute la journée. On se trouve un petit coin a l'abri pour planter la tente dans cette énorme ferme de cannes à sucre. Mais c'est proche de la route et les camions continuent de rouler presque toute la nuit. Le lendemain on pédale toujours dans le meme froid mais avec l'air très humide. Bien qu'il ne pleuve pas, on est tres vite trempé.es. La reprise de velo n'est pas forcement des plus simples mais le paysage reste incroyable, on se croirait dans Avatar. Au bout de 3 jours de vélo, on arrive à la casacade de Detian, à la frontière avec le Vietnam, notre premier objectif. C'est assez marrant de voir la différence de tourisme entre la Chine et le Vietnam. Coté chinois tout est extrêmement amenagé, avec pleins de petits commerces et plein de monde. Coté Vietnamien, c'est plus sobre, ça parait un peu plus authentique. La cascade n'est pas aussi fournie en eau que sur les photos parceque c'est la saison sèche, mais ça reste tres beau.

Une fois la cascade visitée, on repart direction le Vietnam. Bien qu'il soit si proche de nous à la cascade, il n'y a pas de passage de frontiere à notre niveau. Il nous faudra faire encore 2 jours de vélo. On pédale sur ce qui ressemble à une autouroute mais il y a tres peu de circulation. C'est assez surpenant de voircomment la Chine c'est donnée tant de mal pour construire une si grosse route avec plusieurs tunnels pour qu'elle ne soit si peu utilisée. On fait une pause goûter au milieu d'une immense aire d'autouroute déserte. Bizarres ce pays des fois. Peu apres on quitte la route pour traverser une réserve naturelle. Plusieurs endroits pour bivouaquer semble idéaux mais quand on lit un panneau indiquant que plus de 45 espèces de reptiles vivent dans ce parc dont une espèce de python mais aussi des léopards on decide de se rapatrier dans un village sur le chemin. On demande à un Monsieur si on peu planter la tente, et il nous invite carrément à dormir chez lui. Ça non plus on ne s'y attendait pas sachant que ce n'est pas toujours autorisé par le gouvernement chinois d'accueillir des étrangers chez soi. Il nous invite même à manger. Il abat un poulet pour nous. Sa cuisine est très bonne mais malheureusement pas tres adaptée au regime végétarien de Maéli. On discute un peu via google traduction puis sa femme rentre. Et là, notre hôte semble se faire réprimander sévèrement et paraît tout démuni. Puis il nous explique, sans que la traduction soit très claire, que sa femme lui a rappelé que leur tradition les empechait de loger une femme et un homme sous le meme toit. Du moins c'est ce qu'on a compris et leur dire que nous étions marié·es n'y a rien changé. Notre hôte veut alors enmener Merlin chez un ami enseignant mais nous lui disons que nous préférons planter la tente dehors et être ensemble. Nous voila alors à installer la tente à 22h dans le parking de notre hôte sous son regard desolé.

Décidément, ce pays n'a pas fini de nous étonner. Le lendemain c'est notre dernier jour de pédalage en Chine. Ça commence par un controle d'une heure par des policiers à 10h du matin. Une fois nos passeports observés sous toutes leurs coutures, nous sommes libres de circuler.

En fin d'après-midi, on arrive finalement à la frontiere, mais la même question se pose : par où passer avec nos vélos? Encore une fois rien n'est simple. On se retrouve dans la partie des camions et on nous indique qu'il faut aller autre part. Très bien mais où ? On finit par comprendre qu'il y a une porte spéciale à coté d'une billeterie pour un site tourisitique qui est la frontière elle même (on fait vraiment du tourisme avec tout en Chine). Quelques contrôles plus tard, nous voilà au Vietnam ! On aura fait que 15 jours en Chine mais on peut dire que ça n'aura pas été les plus simples du voyage. La vie pour les touriste semble plus simple au Vietnam. Les gens nous comprennent mieux et les écritures sont de nouveau en caractère latin. Par contre les vietnamien·nes ne sont pas habitué·es partout à voir des étrangers. On nous lance des hello, hello, hello à tout va. Au debut c'est marrant mais toute la journée c'est épuisant.

Mais les routes sont bonnes et adaptées au vélo grâce à l'usage permanent des scooters par les locaux. Il nous faudra 3 jours pour enfin arriver à la baie d'halong et enfin voir de nos propre yeux le Pacifique ! On retrouve egalement le soleil et on profite alors de l'endroit pour se reposer quelques jours et passer les fêtes de Noël agrémenté d'une croisière en bateau et d'un trek dans la jungle. La belle vie quoi !



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