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De la haute montagne à la mer

Nous voilà donc reparti·es de la Cappadoce pour s'enfoncer encore plus vers l'est de la Turquie avant de remonter au Nord vers la Géorgie. Nous aimerions en effet voir une dernière chose en Turquie avant de partir. Il s'agit de Nemrut Dagi, des statues anciennes conservées en haut d'une montagne où il paraît que les couchés de soleil sont magnifiques. Seulement, lors de notre première journée nous rencontrons un compatriote Marseillais à vélo qui revient justement de l'est. Il aimait beaucoup parler et nous a fait le recit de son passage à Nemrut Dagi. "Une pente a 20% comme ça" en imitant une pente bien raide avec son bras, "un chemin en gravier avec des gens pas très sympathiques au sommet. Voilà qui aura suffit à nous déstabiliser. De plus l'arrivée de l'hiver et l'optique d'arriver en Géorgie par des montagnes à 2000 mètres d'altitude nous semblent peu raisonnables. Nous décidons alors de tracer vers la mer noire d'abord pour ensuite longer la côte jusqu'en Géorgie. Nous entamons alors une traversée d'un nouveau desert des plateaux d'Anatolie que nous commençons à bien connaître.


Seulement cette fois-ci il fait plus froid et les villes sont moins fréquentes. Heureusement, nous bénéficions ici plus que jamais d'une super hospitalitée Turque (voire même Tchétchène, car de nombreuses personnes nous disent être originaires de cette région de Russie). Les gens nous accueillent pour un cay (thé), le repas et parfois même la nuit !


Nous avons eu cette fois où nous nous apprêtons à commencer notre pic-nic et nous nous sommes finalement fait inviter à manger chez un monsieur qui a ensuite insisté pour que l'on passe la nuit chez lui, prétextant que le nuit tombait et que nous ne pouvions pas continuer. Il était 14h. Après des hésitations nous avons finalement accepté pour profiter du repos, ce qui a fait très plaisir a Metin (le monsieur en question) qui a quand même eu du mal à nous laisser partir le lendemain matin. L'hospitalité est l'un des fondements de l'Islam nous a-t-il dit. Le lendemain nous faisons une de nos plus grosses journées pour compenser avec la veille et nous franchissons le premier col sur les cinq à franchir avant la mer noire. Ça y est, nous arrivons dans des paysages plus montagneux enfin.

Nous passons la nuit dans un hôtel à Divrigli qui abrite une magnifique mosquée du 12eme siècle. Mais pas de chance pour nous, la ville enchaine les pannes d'eau courante et d'électricité ce qui donne peu d'intérêt à notre nuit en hôtel et la mosquée est en rénovation ce qui nous empêche de la visiter. Tant pis, nous faisons quand même un petit tour du monument et de la ville et reprenons la route.

Cette fois ci on attaque vraiment la montagne du coup. Les pentes sont plus raide et la route enchaîne les cols. Nous rencontrons sur la route Eefje, une Hollandaise qui va dans la même direction que nous. Elle nous offre un café et nous décidons alors de poursuivre la route ensemble. Nous voilà alors à trois maintenant pour continuer sur ces routes montagneuses. D'ailleurs les nouveaux paysages sont très plaisants. La route est peu fréquentée et, bien que difficile physiquement, elle est très agréable pour faire du vélo.


Nous rencontrons même des cyclistes turcs sur la route qui sont contents de voir des touristes à vélo !

Il nous faudra 3 jours pour rejoindre la ville d'Erzincan pour faire une journée de pause. La ville en soit n'a pas trop d'intérêt ce qui est parfait pour faire une petite révision des vélos et ne rien faire au lit hihi. Pendant nos journées de repos c'est un peu comme si on redevenait des adolescents : on mange des snickers dans le lit et on geek toute la journée. Les denier jours nous ont en effet  bien épuisé·es, et les nuits ne furent pas toujours de tout repos, notamment avec un bivouac sur le territoire de souris qui ont cherché à nous détrousser. Heureusement, elle n'ont pas eu gain de cause mais ont quand même réussi à grignoter par ci par là un morceau de notre couvercle de cuisine, une de nos bouteilles d'eau et même un bout de la sacoche d'Eefje. Sales bêtes ! Une fois la journée de pause finie, nous reprenons la route pour la mer noire. Plus que 2 cols nous font face. Le premier est passé dès le premier jour sans trop de difficulté, on commence à être rodé·es. Nous passons le dernier trois jours plus tard. C'est le col le plus haut que nous ayons fait jusque là et sans doute le plus gros du voyage. En effet nous prenons la pause à 2300m d'altitude car c'est aussi notre passage des 5000 km !

Pour fêter ça nous engageons la descente dans une des routes surnommée la plus dangereuse du monde. En réalité, elle n'est pas si dangereuse à a vélo mais donne un peu le vertige. Il s'agit d'une route creusée dans la roche par les locaux sur ordre de l'armée russe pendant la guerre et qui, nous l'apprenons plus tard, n'a été creusé qu'à la force des bras des ouvriers. La route est impressionnante ! Arrivé·es en bas des zig-zag, l'hospitalité Turque reprend. Nous somme invité·es à passer la nuit dans un petit chalet de montagne par un homme et sa femme.


Cette homme qui, ça ne fait pas de doute pour nous, ressemble bien à ses compères turcs, est aussi un étonnement pour nous car il casse avec beaucoup de codes que nous avons observés jusque là. Première surprise, il boit ouvertement devans nous, ce qui est rare en Turquie. Puis, aussi surprenant, c'est lui qui nous sert du thé, qui fait à manger et le ménage dans le logis pendant que sa femme travaille aux champs dehors. Ça pourrait paraître banal en France, mais c'est vraiment la première fois qu'on voit ça en Turquie ! Nous passons aussi la soirée avec un motard anglais qui trouve refuge au même endroit que nous. On discute de trucs de bikers ! Le lendemain, on entame la redescente vers la mer Noire. C'est plus facile quand ça descend. Ça y est, à midi on pique- nique devant la mer, ça change de paysage !

On continue la journée par la seule route qui longe la côte et qui nous mène vers la Géorgie, une voie rapide. Même si ce n'est pas très agréable on s'habitue à rouler à côté des voitures qui vont à 1000km/h mais par contre on franchit un tunnel de presque 2 km et ça c'est terrifiant ! Les bruits sont intensifiés et le trafic est lourd, à vélo, c'est comme si la mort vous poursuivait ! C'en est trop pour Merlin qui ne se sent pas très confiant sur la suite de la route qui fait une centaines de kilomètres et qui compte plus d'une dizaine de tunnels. Nous passons la nuit à Rize, une grande ville côtière dans la "cay evi" (lieu où on boit le thé, équivalent d'un café) de Mustafa, un cycliste qui accueille les cyclotouristes de passage. On passe la soirée à jouer au jeu turc "okey" avec les clients du bar et c'est vraiment cool.

Le lendemain, nous envisageons de faire la suite de la route en bus pour éviter cette étape pénible de la voie rapide et de ces tunnels. Mais Mustafa nous dit qu'il a prévu de faire un sortie vélo avec ses amis et qu'ils peuvent nous accompagner sur la route. Et là, c'est probablement l'un des moments les plus loufoques et inoubliables de notre voyage ! Nous nous retrouvons sur la route au milieu d'un gang d'une quinzaine de cyclistes qui s'imposent sur la route en faisant des grands signes aux camions pour les forcer à se ranger sur le côté, qui n'hésitent pas à rouler en contre sens et qui connaissent même des astuces pour esquiver les tunnels. Une véritable vélorution turque. En plus, c'est le jour des 100ans de la création de la Turquie donc tout ça se fait sur un ton festif avec de la musique à fond et des drapeaux au vent !

Sacrée journée. Pour finir la journée on nous dépose chez Murat qui s'est construit une petite maison au bord de la route, face à la mer et qui accueille lui aussi les cyclotouristes de passage.

C'est aussi un sacré personnage qui nous dit avoir accueilli plus de 1000 voyageur·euses chez lui et qui nous conte ses nombreuses rencontres autour d'une bouteille de vodka partagée. Nous ne pensions pas que la Turquie nous reservait encore tant de surprises. Finalement, nous repartons le lendemain, avec les shots de vodka de la veille dans le crâne, alors que nous sommes plus qu'à une trentaine de kilomètres de la Géorgie. Mais le plus dur est la, il nous reste une bonne partie des tunnels à traverser et cette fois ci pas d'astuce pour les esquiver. Nous nous armons de courage et franchissons ces dernier obstacles. Bien que toujours terrifiants, les tunnels ne sont pas aussi terrible que le premier jour car la circulation est très faible à l'approche de la frontière.

A midi nous sommes enfin à la frontière, après avoir dépassé une queue de camions attendant leur passage en Géorgie. Et voilà comment nous aurons finis notre passage en Turquie, non sans rebondissements ! Et maintenant, à nous la Géorgie !


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